C’est le carton culturel de cette rentrée à Chelles. « Je me souviens », la collection de photos de famille de Chelles qui s’expose actuellement aux Eglises, rencontre un succès quasi jamais vu au cours des dix années de fonctionnement de ce qui était, jusqu’à il y a encore quelques semaines, le centre d’art contemporain.
Martine Allot et Philippe Egret, ses deux auteurs, en sont évidemment ravis. Ces anciens conseillers d’orientation de l’université Paris Diderot avaient certes déjà eu l’occasion d’exposer leur travail, il y a un an, sur les cimaises de la faculté. Mais c’est évidemment tout autre chose que de pouvoir le faire à Chelles, personnage principal de leur exposition.
Au départ, une simple recherche familiale
C’est en venant déjeuner chez une collègue en commun, qui avait hérité d’un petit pavillon dans le Sempin, que les deux camarades commencent à s’intéresser à l’histoire de la ville. Martine, qui a passé sa jeunesse rue Gambetta, a une excuse. Philippe, lui, est passionné « par la généalogie et la micro-histoire », et se laisse naturellement séduire. C’était il y a dix ans. « L’idée de départ, c’était simplement d’aider Martine, à retrouver des gens de sa famille paternelle », raconte Philippe Egret.
Armé de quelques noms de famille, le duo écume les allées du marché à la recherche d’informations à glaner. De là, ils rendent visite à quelques anciens Chellois, qui leur racontent leur parcours de vie, tel le vieux Rosencranz, photographe de mariage, que le général de Gaulle aimait solliciter pour couvrir les dîners mondains qu’il donnait au château de Champs. Ou encore Suzanne Dabrowski, commerçante auvergnate comme son nom de mariée ne l’indique pas, connue à Chelles pour avoir fourni une bonne partie des photos de l’arrivée des Américains en 1944.
L’arrière-plan derrière les visages
« Le premier réflexe, quand on demandait à ces personnes de nous confier leurs photos de famille, c’était de nous dire que leurs clichés ne présentaient rien d’intéressant sur l’histoire de la ville. Ce qu’elles ignoraient, c’est que derrière les visages, on reconnaît des lieux, des maisons, des rues. Au final, ces photos racontent une histoire bien plus intéressante, à mon sens, que de simples photos de bâtiments », confie Philippe Egret.
Des communiants alignés sur les marches de l’église St-André. Des ouvrières quittant de la vermicellerie Ménier, après une dure journée. Une mère et son enfant posant devant le corps de ferme familial. Une bande de cheminots, fiers, au triage. Un groupe d’amis, grimés et rigolards, auto-baptisés « Les Cénobites tranquilles » (sic). Et cette petite fille humant les parfums d’été d’un jardin s’étendant à perte de vue…
La magie de la rue Gambetta
Philippe Egret et Martine Allot collectent des centaines de photos, qui témoignent des différentes vagues de migrations qui sont venues enrichir et diversifier la population de Chelles, depuis le début du XXe siècle jusqu’à la fin des années 70 : Creusois, Auvergnats, Belges, Italiens…
Et il y a ce lieu, qui revient souvent dans les photos, qui semble « exercer une fascination » chez tous les personnes rencontrées : la rue Gambetta. « Les gens conservent un souvenir quasi magique de cette rue, se remémore Martine Allot avec émotion. Avant que l’on ne décide de laisser place à de grandes barres d’immeubles dans les années 60, on pouvait y croiser, d’un bout à l’autre, une quinzaine de cafés, plusieurs bouchers, et tout autant de bijoutiers. C’était incroyable ».
♦ Jusqu’au 24 octobre, au centre d’art des Eglises. Rue Eterlet. Exposition visible les mercredi, jeudi et samedi, de 9h30 à midi et de 14 heures à 18 heures. Le vendredi de 14 heures à 21h30. Renseignements au 01 64 72 84 06.
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